Taliban

Un taliban est une personne qui adhère à un mouvement essentieliste musulman qui s'est répandu au Pakistan et en particulier en Afghanistan en octobre 1994.



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Définitions :

  • En rapport avec les talibans; Militant essentieliste sunnite (source : fr.wiktionary)
  • talibans - (en pachtoune, «étudiant» ou «chercheur du savoir»). Mouvement musulman sunnite ayant dirigé l'Afghanistan de 1996 à 2001.... (source : alternatives)
Drapeau des talibans

Un taliban (???? [ṭālib], «étudiant» ou «chercheur», pl. ???? [ṭullāb] en arabe ; ???? [ṭɔˑˈlɛb], pl. ??????? [ṭɔˑlɛˈbɔˑn] en paṣto) est une personne qui adhère à un mouvement essentieliste musulman qui s'est répandu au Pakistan et en particulier en Afghanistan en octobre 1994.

L'organisation est positionnée sur la liste officielle des organisations terroristes de la Russie[1], de l'Union européenne et des États-Unis.

Étymologie

Taleb sert à désigner un écrivain public en Afrique du Nord ; epachto, le terme sert à désigner principalement un étudiant en théologie dans une madrasa (université théologique musulmane), au détriment du sens premier en arabe.

D'autre part, le sens du terme a, à l'occasion, été étendu pour définir toute forme d'extrémisme ou d'intégrisme. On parle de «talibé» dans certains pays d'Afrique de l'Ouest : Mali, Guinée, Niger, Bénin, Togo et Ghana au sud et de la Côte d'Ivoire au sud-ouest , et au Sénégal[2].

Origine

Durant la guerre contre les Soviétiques, des millions de jeunes Afghans furent éduqués dans les madrasas de la zone tribale pakistanaise. Ils y furent fortement influencés par une école de pensée, l'école deobandi, qui prône le retour à «un islam pur», proche de celui existant au temps du prophète de l'islam, Mahomet, selon leur guide spirituel.

Les chefs de guerre qui se déchirent pendant et après l'occupation de l'Afghanistan par les Russes, sont des musulmans ayant des objectifs politiques : ils veulent en premier lieu établir un État islamique, des lois et un État censés respecter la parole de Dieu, dans l'objectif qu'ensuite la société et les mœurs deviennent justes.

Les talibans, eux, sont des «néoessentielistes». Au contraire des islamistes, ils veulent en premier lieu réislamiser les mœurs, la justice, les êtres humains. La forme de l'État n'a pas d'importance pour eux à la condition de respecter la loi divine. Et seuls ceux qui l'ont étudiée, c'est-à-dire, les talibans, sont à même de l'expliquer et d'en assurer le respect.

C'est pour cela qu'ils déclarent dans leurs premières années qu'ils ne veulent pas le pouvoir politique. C'est aussi pour cela qu'ils attachent tant d'importance à tout ce qui touche à la vie quotidienne, publique ou privée.

Durant les premières années de leur prise de pouvoir, les talibans jouissent d'un réel soutien populaire, en particulier, mais pas seulement, de la part des populations pachtounes du sud et de l'est . Les Afghans sont fatigués de leur guerre avec l'URSS et des exactions des chefs de guerre qui ensanglantent le pays, et énormément accueillent volontiers ces religieux qui amènent l'ordre et la sécurité. Les contraintes morales ne changent, en fait, pas grand-chose dans les campagnes où les femmes portent déjà la burqa, où, dans leur particulièrement grande majorité, elles ne travaillent ni ne vont à l'école.

De 1994 à fin 1997, les talibans profitent aussi d'un soutien moral, sinon financier et militaire, de la part des services secrets pakistanais, dans une relative indifférence internationale. La présence sur le territoire afghan, à partir de 1996, d'Oussama Ben Laden, qui a déclaré haut et fort qu'il allait, entre autres, s'attaquer aux États-Unis par l'ensemble des moyens, change la donne. Ben Laden avait déjà eu l'occasion de rencontrer le ministre taliban aux frontières, Jalaluddine Haqqani, en 1986, lors de l'Opération Cyclone de la CIA[3].

Une situation complexe

Il existe en Afghanistan, essentiellement quatre peuples : les Tadjiks, les Ouzbeks, les Hazaras (d'origine mongole, mais parlant un dialecte persan ainsi qu'à majorité chiite), et les Pachtounes. Les Ouzbeks sont présents au nord ainsi qu´en Ouzbékistan, les Tadjiks parlent une langue iranienne et sont en majorité sunnite, vivant dans l´ouest , le nord-est et au Tadjikistan. Les talibans sont issus surtout des Pachtounes, estimés à 15 millions d'habitants. Le "noyau dur" du mouvement vient des tribus pachtounes du Sud, qui ont apporté une grande partie des réfugiés au Pakistan. Selon leurs vicissitudes, les talibans obtiendront, puis perdront le soutien de la majorité des chefs tribaux pachtouns.

En 1980, les Soviétiques envahissent l'Afghanistan dans l'objectif, selon certains, de rallier ce pays au bloc soviétique, pour d'autres, de répondre, à ses frontières, au soutien actif des États-Unis d'Amérique aux moudjahidines luttant contre le régime communiste de Kaboul. L'ancien conseiller à la sécurité nationale américain du président Carter, Zbigniew Brzezinski, confirmera ensuite[4] que les États-Unis ont aidé les opposants quelques mois avant l'invasion soviétique.

La guerre civile au temps des talibans

Territoires contrôlé par les parties en conflit en 1996.

L'apparition du mouvement

Au départ, les talibans sont les élèves des écoles religieuses deobandi créées dans les camps de réfugiés au Pakistan. Peu instruits, ils cultivent un islam sommaire, multiplient les interdits et prônent des pratiques étrangères à l'islam, dont certaines vont à l'encontre des prescriptions de Mahomet. Lors du retrait soviétique, ils étendent leur activité sur le territoire afghan. Ils fournissent quelques volontaires aux moudjahidines, mais ne jouent toujours qu'un rôle effacé. Selon la tradition du mouvement, c'est en 1994 que le mollah Omar et ses élèves prennent les armes pour protéger la population locale, suite à deux agressions : le viol et le meurtre de deux jeunes filles par une bande de soi-disant moudjahidines, puis la mort d'un jeune homme disputé entre deux chefs de bande. Ils reçoivent le soutien de l'ISI pakistanaise et de la puissante corporation des camionneurs, qui font appel à eux pour mettre fin au banditisme sur la route qui relie le Pakistan à l'Asie Centrale[5].

La montée des talibans

Les talibans deviennent une force conséquente en octobre 1994. Ils s'emparent de Kandahar et saisissent un important stock d'armes appartenant au chef de guerre Gulbuddin Hekmatyar. Ils prennent, en quelques mois, le contrôle de la moitié sud du pays. En février 1995, ils sont à Maydan Shahr à une vingtaine de kilomètres au sud de Kaboul, ainsi qu'à une centaine de kilomètres d'Hérat dans l'ouest . Les talibans ayant défait le Hezb-i-Islami dans le Logar et tué Mazari, le chef hazara du Hezb-i-wahdat, Ahmad Shah Massoud, chef tadjik du Jamiat-Islami, en profite pour prendre le contrôle total de Kaboul. La capitale est détruite à 40 %[6] par les combats de la guerre civile.

Hérat est prise en septembre 1995, Kaboul le 27 septembre 1996 et les talibans en profitent pour tuer l'ancien président communiste Mohammed Nadjibullah qui avait trouvé refuge dans une maison de l'ONU depuis sa destitution. Le mollah Omar, chef des talibans, devient de facto le nouveau chef d'État sous le titre de commandeur des croyants.

Mazar-i-Sharif est prise une première fois en 1997 mais cela s'avère être un piège dans lequel à peu près 3 000 talibans seront froidement massacrés, et quand les talibans reprennent Mazar en 1998, ils se vengent en massacrant, à leur tour, plusieurs milliers de Hazaras, hommes, femmes et enfants[7]. Ils exécutent aussi 10 diplomates et journalistes iraniens accusés d'espionnage, et l'Iran est sur le point d'entrer en guerre contre les talibans. L'Hazaradjat est alors presque encerclé et tombe après la chute de Bâmiyân en septembre 1998.

L'Alliance du Nord, rassemblement de frères ennemis mais unis contre les talibans, se désagrège alors. La majorité de ses chefs se réfugient à l'étranger et Ahmad Shah Massoud reste l'unique leader de l'alliance à résister depuis son fief montagneux du Panchir, d'où il garde le contrôle du nord-est de l'Afghanistan. Ailleurs dans le pays, seules quelques poches de résistance en Hazaradjat, sous le commandement de Khalili, continuent de harceler les talibans, provoquant vengeances, massacres de civils et une totale destruction de la ville de Bâmiyân et de ses alentours.

Les talibans défient les États-Unis et l'ONU

Taliban à Herat en juillet 2001.

Au plan international, le gouvernement taliban n'a été reconnu que par trois États : Pakistan, Arabie saoudite et Émirats arabes unis. Au contraire, la Russie, l'Inde, l'Iran et les républiques d'Asie Centrale s'en méfient et soutiennent leurs adversaires.

Le 20 août 1998, les États-Unis lancent des douzaines de missiles de croisière sur des camps d'entraînement présumés d'Oussama Ben Laden, en représailles aux attentats contre leurs ambassades de Nairobi et Dar es Salam.

En 1999, suite aux exactions des talibans et leur connivence avec Al-Quaida, le Conseil de sécurité des Nations unies met en place des sanctions et crée le Comité des sanctions contre Al-Qaida et les talibans le 15 octobre 1999.

Les talibans font dynamiter les deux bouddhas sculptés de Bamiyan en mars 2001, classés dans le patrimoine mondial de l'UNESCO.

Le 9 septembre 2001 à Khwadja Bahuddin, Ahmad Shah Massoud est tué lors d'un attentat suicide commis par Abdessatar Dahmane et Bouari El-Ouær, deux islamistes d'origine tunisienne se faisant passer pour des journalistes pourvus de faux passeports belges.

Après les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center à New York dont la planification est attribuée à Oussama Ben Laden, les États-Unis dressent un ultimatum aux talibans : ils réclament la livraison de l'ensemble des dirigeants d'Al-Qaida, la fermeture des camps terroristes et l'acceptation de missions d'inspection américaines. Les talibans proposent tandis que Ben Laden soit jugé selon la loi islamique si les États-Unis apportent des preuves de sa culpabilité, offre jugée "insuffisante" par les Américains.

Le gouvernement des États-Unis forme une coalition mandatée par l'ONU. Des bombardements aériens intensifs, une offensive de l'Alliance du Nord encadrée par les Forces spéciales et les unités opérationnelles de la CIA, le ralliement à l'Alliance du Nord d'une grande partie des unités tribales pachtounes, entraînent la chute du régime. Le pouvoir taliban s'écroule en quelques jours début novembre 2001. Le mollah Omar, encerclé dans Kandahar, parvient à échapper aux recherches.

Après quelques mois de transition, une Loyah Jirgah investit Hamid Karzai.

La vie sous les talibans

Statue de Bouddha à Bamyan, avant sa destruction par les talibans.

Le régime imposé par les talibans fut fondé sur un respect strict et littéral d'une certaine vision de l'islam, en particulier rigoriste. La culture de l'opium est réduite mais les zones contrôlées par les talibans poursuivent une faible partie de leur production, à peu près 35 tonnes en 2001 selon le PNUCID (Programme des Nations unies pour le contrôle international des drogues) [8] malgré l'interdiction de culture décrétée par le mollah Mohammed Omar en l'an 2000[9]. C'est un faible chiffre si on le rapporte aux 150 tonnes d'opium produits cette même année 2001 dans le Badakhshan, province sous contrôle de l'Alliance du Nord (total de 180 tonnes), aux 3 276 tonnes produites l'année précédente, en 2000[10], ainsi qu'aux 8 200 tonnes produites en 2007[11].

L'Afghanistan vivait alors sous la domination de 30 000 à 40 000 talibans, motivés par un retour à la pureté originelle de l'islam. Le «ministère pour la promotion de la vertu et la répression du vice » contrôle l'ensemble des aspects de la vie des Afghans.

Certaines régions du Pakistan ont été aussi soumises aux talibans, surtout la vallée de Swat de 2007 et jusqu'à début 2009.

De fortes restrictions

Le théâtre, le cinéma et la télévision étaient interdits ; la possession d'appareils photographiques et de magnétoscopes devint illégale. Le ministère de l'Information interdisait aux journalistes étrangers de parler aux femmes, de prendre des clichés et de se promener seuls[12]. Un seul hôtel était ouvert aux reporters occidentaux dans Kaboul. Dans les écoles, la moitié du temps était consacrée à la religion. Les cours de sports et d'art furent éliminés des programmes scolaires. Les talibans brûlaient les instruments de musique et les cassettes, frappaient et emprisonnaient les musiciens, interdisaient la danse. La boxe, comme énormément d'autres sports, était prohibée[13]. Chaque jour, la radio des talibans énumérait de nouveaux interdits : peindre en blanc les vitres des maisons pour ne pas voir les femmes à l'intérieur, expéditions punitives pour casser les téléviseurs, magnétoscopes, déchirer les photographies de famille. Les autorités faisaient aussi vérifier qu'on n'écoutait pas de musique dans les maisons ou au cours des mariages[14]. Les dispositifs médicaux et scolaires furent dédoublés selon le genre, tout en donnant la priorité aux hommes. Toute représentation humaine était illégale, même pour les poupées des petites filles[15]. Au nom de l'iconoclasme, les talibans dynamitèrent les statues de bouddhas géants de Bamiyan, vieilles de quinze siècles. Ils détruisirent aussi, dans les collections archéologiques du musée de Kaboul, tout ce qui portait des représentations humaines ou animales.

La charia devint la base du droit afghan. Surtout, l'amputation et la lapidation furent parmi des peines appliquées sous les talibans. Les relations sexuelles hors mariage étaient prohibées et punies de 100 coups de fouet[12] (cette sentence, équivalente en pratique à une condamnation à mort, mettait en œuvre littéralement le verset 2 de la sourate XXIV du Coran intitulée La Lumière[16]). La diffusion d'idées «non-musulmanes» était aussi prohibée. En 2001, les minorités hindoues devaient porter un signe différentif[17], un morceau d'étoffe jaune[18]. Les homosexuels étaient condamnés à mort : on faisait s'écraser sur eux un mur, et on utilisait un bulldozer pour achever la peine[15].

Condition des femmes et des hommes

Les femmes furent exclues du marché de l'emploi, elles devaient être entièrement couvertes par le vêtement respectant les traditions, le tchadri, et ne pouvaient quitter leur maison qu'accompagnées de leur mari ou d'un parent proche. Le tchadri est une sorte de tente plissée et opaque, sur laquelle était découpée une grille brodée à la hauteur des yeux. Les femmes refusant ce code vestimentaire étaient fouettées. De même, les hommes devaient porter une barbe d'au moins 10 cm : la longueur était vérifiée dans la rue. Les personnes devaient se raser le pubis et les aisselles[19]. Les hommes et les femmes jugées pour crimes d'adultère étaient lapidées (enterrées jusqu'au cou, et subissant ensuite des jets de pierre jusqu'à ce que mort s'ensuive). L'enseignement secondaire était interdit aux filles. Mais le régime fermait les yeux sur les écoles privées et clandestines[20].

Au Pakistan, dans la vallée de Swat, les hommes contrevenants à certaines règles étaient décapités, ainsi qu'à Mingora, les corps devaient reposer sur la place principale afin d'être visible de tous.

Les talibans après 2001

Prospectus visant à inciter la population à dénoncer les talibans auprès des autorités

Forces talibanes et alliées

Organisation politique

Les forces talibanes sont théoriquement dirigées par le mollah Omar et un conseil de direction appelé Rahbari Shura mis en place en 2003. Ce conseil était, à l'origine, composé de dix hommes : Akhtar Mohammad Osmani, Akhtar Mohammad Mansour, Djalâlouddine Haqqani, Hâfez Aboul Madjid, Saif-ur Mansour et les mollah Dadullah, Mohammad Rasoul, Beradar et Abdorrazzaq Nafez[21]. Le mollah Omar y dispose aussi d'un représentant permanent en la personne de Obaidullah Akhund[22]. Sa position est aussi renforcé par le fait que les principaux chefs de l'islamisme international le reconnaissent comme chef de leur résistance en Irak et en Afghanistan[22]. Cependant, dans les faits, le commandement passe par l'envoi d'émissaires, diplomatiques ou militaires, aux divers groupes de guérilla[23].

Ce conseil de direction voit sa composition évoluer suivant les pertes (Akhtar Mohammad Osmani, le mollah Dadullah par exemple) et en particulier des nouvelles nominations. En effet, il passe de dix à douze membres, puis à dix-huit et enfin trente-trois[24]. Cette extension montre les besoins d'équilibre et d'organisation face à l'expansion de la guérilla.

En octobre 2006, un second conseil a été mis en place, toujours par le mollah Omar. Il s'appelle Majlis al-Shura et se compose de treize membres, tous déjà présents dans le Rabhari Shura. Les attributions de ce conseil sont cependant toujours mal connues[24].

La dernière structure de direction mise en place par la guérilla talibane est un gouvernement "de l'ombre" dont les pouvoirs sont aussi peu connus[24]. Il semblerait que Haji Obeidullah y joue le rôle de ministre de la Défense et que le mollah Abdul Ali y soit ministre des questions religieuses[24].

Depuis 2005, les talibans ont aussi multiplié les contacts avec les seigneurs de guerre afghans et ont noué une alliance contre le gouvernement Karzaï avec deux importants groupes, hostiles l'un vis-à-vis de l'autre, mais en lutte contre les Américains et le nouveau gouvernement. Ces groupes sont le Hezb-e-Islami de Hekmatyar et le groupe ultraorthodoxe dirigé par Mohammed Younès Khalid[22].

Organisation militaire

À la fin de l'année 2008, les forces de la guérilla sont organisées selon trois grands fronts actifs se recouvrant partiellement et disposant de bases arrières au Pakistan[25] :

De plus, il existe à la même période des fronts plus limités autour des principales villes du nord du pays :

Le commandement militaire des talibans se divise en quatre zones (Kaboul, Sud, Sud-est et Est ) sous la direction d'un commandement général[26]. Les commandements de zone incluent des commandements de province et de district[27].

Sur le terrain, les groupes de la guérilla comprennent le plus souvent de cinq à cinquante hommes[27]. Les commandants de ces unités peuvent recruter des combattants locaux non membres d'un autre groupe[28]. Cette dernière règle permettant d'éviter les frictions entre groupes et l'émergence de grands groupes semi-autonomes dont le chef pourrait s'ériger en seigneur de guerre[28]. Les communications sont assurés par des messagers[28]. Les téléphones satellitaires ont été utilisés en début de conflit mais ont été rapidement abandonnés vu la maitrise américaine en matière d'écoute[28].

Evolutions du programme politique des talibans

Depuis leur défaite de 2001, le mouvement taliban a dû reconsidérer une large partie de ses orientations politiques. Ces évolutions sont essentiellement imposées par les contraintes de la guerre contre la Coalition et le gouvernement central qu'elle soutient. Cependant, des évolutions notables sont à signaler tout autant l'échelle du pays qu'à celle de la vie quotidienne des habitants.

Les talibans ont surtout revu leur position concernant la culture du pavot dont ils sont devenus défenseurs[29]. Ils protègent aussi désormais la vie rurale[29].

Les autres évolutions les plus spectaculaires affectent la vie quotidienne et les restrictions imposées quand les talibans étaient maîtres de Kaboul (1996-2001). Ainsi, lors de la prise de Musa Qala de 2006 à 2007, la guérilla talibane a renoncé au port obligatoire de la barbe, à l'interdiction de la musique ainsi qu'à celle du cinéma[29]. Le cinéma et la musique, longtemps reconnus comme idolâtres, sont désormais particulièrement beaucoup utilisés par tout le mouvement, surtout dans ses films de propagande ou d'instruction[29].

Chronologie

Dans la capitale, Kaboul, la vie est normalisée et assez calme. Le reste du pays est aux mains de groupes tribaux ou de seigneurs de la guerre formellement soumis au gouvernement légal, mais quelquefois particulièrement indépendants. Certaines zones rurales du sud pachtoune, en particulier le long de la frontière avec le Pakistan, restent sous la domination des talibans.

Depuis août 2006, les actions violentes des talibans ont redoublé au sud du pays (ville de Kandahar et sa région), entraînant, en réponse, de vastes opérations de l'Armée nationale afghane et des contingents de l'OTAN pour les contrer.

Les talibans pakistanais

Slogan du TNSM en 2007.

Les Zones tribales pachtounes du Pakistan, qui servaient depuis longtemps de base arrière aux talibans afghans, ont vu émerger des mouvements islamistes pakistanais dont le Tehrik-e-Nifaz-e-Shariat-e-Mohammadi (TNSM) et le Mouvement des talibans du Pakistan (le Tehrik-e-Taliban Pakistan, TTP). Le TNSM a occupé la vallée de Swat d'où l'armée pakistanaise s'efforce de le déloger depuis mai 2009. L'armée a ensuite attaqué le TTP au Waziristan du Sud. Ces deux dernières opérations militaires forment un tournant dans la stratégie du gouvernement pakistanais.

Le chef du TTP, Baitullah Mehsud, mort lors d'une frappe aérienne américaine le 5 août 2009, a été remplacé par Hakimullah Mehsud du 24 août 2009 jusqu'en janvier 2010, date à laquelle il meurt aussi dans une frappe aérienne[30].

Notes et références

  1. (ru) http ://nak. fsb. ru/nac/ter_org. htm
  2. Où un talibé est décrit comme «élève d'une école coranique» ; cf. Le Grand Robert, édition de 2001.
  3. Jean-Pierre Filiu, Le protecteur de Ben Laden dans le collimateur de Washington, Rue 89, 28 septembre 2008
  4. Le Nouvel Observateur, 15-21 janvier 1998, page 76
  5. Ahmed Rashid, L'Ombre des talibans, Autrement, 2001
  6. L'Express du 28-06-2006, p.  111
  7. Choong-Hyun Paik, «Rapport intérimaire sur la situation des droits de l'homme en Afghanistan présenté par le Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme conformément à la résolution 52/145 de l'Assemblée générale ainsi qu'à la décision 1998/267 du Conseil économique et social» sur http ://www. unhchr. ch/, 26 octobre 1998, Assemblée générale des Nations Unis. Consulté le 8 octobre 1998
  8. Geopium - Diploweb. com
  9. Lutte contre la drogue : les États-Unis récompensent les talibans afghans, Collectif Liberté Afghanistan, 3.8.2001
  10. [1] rapports 2000 (page 27) et 2001 (pages 18-20) du PNUCID sur la production d'opium en Afghanistan
  11. [2] rapport 2007 du PNUCID sur la production d'opium en Afghanistan (page 116)
  12. L'Express du 28-06-2006, p. 112
  13. L'Express du 28-06-2006, p. 107
  14. L'Express du 28-06-2006, p. 110
  15. L'Express du 28-06-2006, p. 114
  16. Ce verset dit : «Vous infligerez à l'homme ainsi qu'à la femme adultères cent coups de fouet à chacun. Que la compassion ne vous entrave pas dans l'accomplissement de ce précepte d'Allah, si vous croyez en Allah et au jour dernier. Que le supplice ait lieu en présence d'un certain nombre de croyants.» Le Coran, GF-Flammarion. A noter que ce verset, pour la plus grande majorité des savants, dont al-Qaradawi, est inapplicable actuellement.
  17. L'Express du 28-06-2006, p. 117
  18. http ://www. fraternet. com/magazine/inf25_05. htm
  19. L'Express du 28-06-2006, p. 113
  20. L'Express du 28-06-2006, p. 105
  21. Quotidien pakistanais The News cité par Bassirat. net
  22. Comment les talibans ont repris l'offensive, Le Monde Diplomatique, septembre 2006
  23. Voir un exemple avec l'envoi du mollah Dadullah en 2006 dans Comment les talibans ont repris l'offensive, Le Monde Diplomatique, septembre 2006.
  24. Antonio Giustozzi, Koran, Kalashnikov, and laptop : the neo-Taliban insurgency in Afghanistan, Columbia University Press (2007), p. 90.
  25. Carte Les fronts de l'insurrection, Le Monde Diplomatique
  26. Antonio Giustozzi, Koran, Kalashnikov, and laptop : the neo-Taliban insurgency in Afghanistan, Columbia University Press (2007), p. 92.
  27. Antonio Giustozzi, Koran, Kalashnikov, and laptop : the neo-Taliban insurgency in Afghanistan, Columbia University Press (2007), p. 91.
  28. Antonio Giustozzi, Koran, Kalashnikov, and laptop : the neo-Taliban insurgency in Afghanistan, Columbia University Press (2007), p. 93.
  29. Patrick Porter, Étonnante souplesse tactique des talibans en Afghanistan, Le Monde Diplomatique, novembre 2009
  30. Courrier international du 27-08-2009

Voir aussi

Bibliographie

  1. CBO : OLIVIER WEBER (co-auteur)

Recherche sur Amazone (livres) :




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